L’empathie innée de Vanessa Follet ne concerne pas que les humains. Les règnes animal et végétal lui inspirent une égale bienveillance teintée de curiosité. C’est pourquoi la Ferme d’Isia est un modèle d’agroforesterie où il fait bon être poule, arbre, insecte, chien ou batracien.
Circonvolutions
D’abord peu inspirée par les études, Vanessa Follet aura finalement cumulé toutes sortes de formation et de compétences avant de créer sa propre ferme.
Sa sensibilité exacerbée lui faisant préférer l’environnement au social, elle se forme à la gestion et protection de la nature, développe des animations à l’environnement pour des collectivités, passe une licence professionnelle de responsable de projet de maîtrise énergie et environnement et développe de l’événementiel dans le développement durable.
Une mission sur la réduction des déchets et la sensibilisation au gaspillage alimentaire la met en relation avec le monde agricole. Séduite, elle crée son potager. C’est le début d’une prise de conscience.
L’appel du sol
Grandir à Evreux et ne pas avoir de parents dans le milieu agricole, n’empêche pas Vanessa de développer un amour inconditionnel pour la nature quand elle se retrouve à dix ans, à habiter en pleine campagne. Trente ans plus tard, elle part avec son compagnon pour trois mois de woofing à la découverte du maraîchage, de l’élevage, de la boulange. Une immersion qui lui permet de construire le projet d’une ferme fiable et vivable.
Des poules et des arbres
En plein accord avec ses valeurs, Vanessa, choisit d’élever des poules uniquement pour leurs œufs, en se gardant bien de les envoyer à l’abattoir une fois leur labeur accompli. Elle prend soin des gallinacées tout en plantant des arbres destinés à garantir la biodiversité des lieux, à offrir une ombre salvatrice et de la nourriture aux volatiles, et à produire des fruits, un complément intéressant pour pérenniser la ferme.
Son projet est pensé pour 250 poules, en trois lots d’âge différent, afin d’homogénéiser la production d’œufs.
Et au milieu, pousse des caravanes
Lorsque Vanessa visite avec son compagnon la ferme de Chermignac, tout est à faire, mais le coup de cœur est là. Trois hectares non cultivés, des dépendances, plus une maison à rénover entièrement ne leur font pas peur.
En trois ans, une haie est installée qui protège la parcelle, 90 arbres sont plantés en chantier participatif, deux caravanes sont transformées en poulaillers mobiles et ventilés pour les 150 premières poules rousses et une troisième est aménagée en boutique et espace de stockage. Un choix de démarrer l’exploitation dans la simplicité, la solidarité et l’authenticité.
Prendre le temps de prendre soin
Avec les arbres, avec les poules, avec les prédateurs alentours comme avec les insectes, Vanessa Follet prend le temps. Car observer le rythme du vivant aide à faire grandir sans forcer.
Du grain label AB donné aux poules en deux temps pour éviter le gaspillage, pas ou peu de lumière l’hiver qui force à la ponte, des soins homéopathiques, un parcours changé tous les mois pour fournir de l’herbe fraîche, un filet électrifié qui protège jour et nuit, et puis le deal avec maitre goupil : « Si je te donne une poule morte, laisseras-tu les autres tranquilles ? ».
Développer une ferme en harmonie avec son environnement, cultiver une biodiversité chantante, bourdonnante, colorée, et développer une vie de poule en accord avec son instinct, voilà le goût des œufs de la Ferme d’Isia.
Les 140 œufs pondus chaque jour sont calibrés et datés. Vous les retrouverez via des associations locales saintaises (Court-Circuit, Les Fougères) et en Point livraison au siège de l’agglomération de Saintes (précommande sur Cagette.net tous les 15 jours).
A la Ferme d’Isia, chaque mercredi de 17h à 19h, et samedi de 10h à 12h, Vanessa ouvre le haillon de sa boutique et vous accueille. L’occasion d’en savoir plus sur cette aventure agroforestière qui donne à voir qu’une autre agriculture est possible.