Nichées entre bosquets et abords de l’Arnoult, les parcelles de Marine Gabarrou sont des terres noires et humides, riches en vie animale et végétale. A peine travaillées, elles permettent une culture respectueuse. Depuis 2023, les légumes biologiques de la jeune maraîchère garnissent les paniers et les assiettes des habitants et des cantines scolaires. Une production locale, diversifiée, et généreuse, à l’image de son intrépide productrice.
Passage d’obstacles
Il a fallu quelques détours avant que Marine Gabarrou ne décide de suivre les droits sillons du maraîchage.
Cette enfant de l’Arnoult grandit dans la rusticité bienveillante d’un centre équestre et l’exemplarité d’une maman agent de l’Office Français de la Biodiversité. Férue d’équitation, la jeune fille passe son baccalauréat STAV à Saintes et se dirige vers un BTS agricole avec l’idée de devenir technicienne forestière. Un parcours qu’elle finit par brider pour devenir gendarme. Non satisfaite par le métier après trois années en brigade, elle revient à ses premiers amours et choisit de pratiquer un maraîchage respectueux. Expériences de terrain et BPREA en poche, elle se met alors en quête de parcelles.
Mottes et champs
Les terres sont précieuses. La jeune cultivatrice se trouve chanceuse de rapidement détenir en fermage et en propriété 1,2 hectares de mottes et de champs aux abords de l’Arnoult. Ces terres de tourbe, riches et hydromorphes, limitent de fait les besoins en apport et en irrigation. En contrepartie, elles exigent de maîtriser l’enherbement : un entretien conséquent que Marine Gabarrou assume manuellement, sans le systématiser afin de préserver les équilibres vivants.
« Tout ce qu’on prend à la terre, il faut lui rendre le plus naturellement possible »
Un côté puriste
Limiter le travail du sol, rechercher des rotations sur six années, les 5000 ares cultivés ne connaissent même pas la bouillie bordelaise ! Purins de plantes faits maison et fumier de cheval sont les seuls entrants pour faire naître et grandir la multitude de légumes sous serre et en plein champ. Même l’herbe est préservée sur les portions en jachère afin d’être broyée, ensevelie, et ainsi, redonner au sol sa matière organique. Dans le même esprit sélectif, les variétés de population des graines sont choisies pour leur robustesse et leur résistance à la sécheresse.
Cet ensemble d’exigences ne conduit pas toujours à la réussite, mais notre travailleuse aime expérimenter, diversifier la production, adapter ses cultures. Pugnace et philosophe, « il faut accepter que les variétés ne fonctionnent pas tout le temps » estime-t-elle.
Du sillon à l’assiette
En plus des incontournables haricots mojhettes de saison, des dizaines de légumes variés sont ramassées plusieurs fois par semaine pour composer les paniers et alimenter les cantines scolaires. Pour acheter ces produits frais et sains à des prix ajustés, il suffit de s’inscrire sur la plateforme de commande ‘‘Ciboulette’’ et choisir son point relais.
Adepte de la vente directe, Marine Gabarrou est également présente chaque samedi matin au marché de Nieul-les-Saintes. L’occasion d’une rencontre privilégiée avec cette maraichère qui voit dans le travail de la terre, l’un des grands essentiels de la vie : se nourrir sainement.