Sous ses allures d’adolescent, Nicolas Hongrois cache une passion mature, l’apiculture. Une affinité telle qu’en plus de collecter et de transformer les différents produits de la ruche, il élève essaims et reines avec douceur et talent. Un bonheur ne suffisant pas, il complète son activité par l’élevage de poules pondeuses, et a choisi d’ouvrir une boutique sur son lieu d’exploitation. Un professionnalisme en toute situation qui fait des Ruchers du Val de Seudre, un lieu de saines productions et d’échanges, autant que de préservation de la biodiversité.
Un saut de génération
Il n’a pas hérité de ses parents, mais de ses grands-parents le désir de cultiver le vivant. Nicolas Hongrois commence par obtenir un baccalauréat technologique dans un lycée qui le sensibilise à la production biologique et à la culture extensive. A 19 ans, au lieu de poursuivre l’idée première d’élevage de moutons et de chèvres en Aveyron, il embauche dans l’une des plus grandes entreprises d’apiculture de l’Ouest de la France.
« Lorsqu’on est cool avec les abeilles, elles sont cool avec nous »
Durant quatre années, il découvre le métier et constate que « lorsqu’on est cool avec les abeilles, elles sont cool avec nous », mais il vibre aussi intérieurement : le bruit sourd du bourdonnement lui apporte sérénité et apaisement. Après quoi, il multiplie les apprentissages chez de petits professionnels avant de monter à seulement 23 ans, son propre cheptel.
Diversité et complémentarité
Natif de Saint-Just-Luzac, c’est à Port des Barques qu’il cherche à poser ses 120 ruches issues d’essaims « maison ». Dès 2016, il vend sur les marchés, mais un incendie ravage son local. Après des mois à bénéficier d’espaces de travail chez ses collègues solidaires, il achète avec sa compagne une ancienne exploitation bovine transformée entre-temps en espace de maraîchage. Les terres et les hangars permettent au couple d’envisager plusieurs activités.
A côté de la miellerie, il monte une boutique ouverte aux autres producteurs locaux. Sur les parcelles voisines, il installe des poulaillers mobiles et choisit d’élever des poules pondeuses, aux deux-tiers rousses pour un tiers de Marans. Plus d’un hectare de terre sont mises en fermage afin de produire les céréales nécessaires aux volatiles. Enfin, la plantation d’arbres fruitiers et le projet de haies champêtres complètent les perspectives.
Un métier à l’écoute
Les 350 ruches occupent une dizaine d’emplacements qui s’étendent de l’estuaire de la Seudre aux terres plus intérieures de la Saintonge Romane. Intensément actif à la belle saison, l’apiculteur récolte entre cinq et six tonnes de miel par an. Une efficacité doublée d’une grande bienveillance envers ses protégées : « L’abeille est un animal fragile, un très bon indicateur de la qualité de l’environnement, alors je les déplace le moins possible et je choisis avec minutie chaque site. Je vais à la rencontre des propriétaires, du voisinage, pour faire comprendre qu’il est bon de ne pas tondre ou broyer en permanence, que la plantation de haies est bénéfique à la biodiversité, que la nature est un tout à préserver. Être apiculteur, c’est aussi s’occuper un peu des autres ».
« Être apiculteur, c’est aussi s’occuper un peu des autres »
La vente directe
La priorité qu’il accorde au mieux-manger et à la production locale pousse Nicolas Hongrois à développer la vente directe. Sur les rayons de sa petite boutique à la ferme, vous trouverez les œufs frais et goûteux de ces 150 poules, les six à huit variétés de miel, les merveilles pour la santé que sont le pollen et la propolis, mais également les produits des voisins et collègues, à savoir des légumes, confitures, vins de pays, pains au levain. Une jolie façon de vous offrir le meilleur dans un esprit solidaire.